Aujourd’hui encore c’est un sujet tabou car peu de personnes savent de quoi il s’agit, mais quand on devient parent, il peut arriver que l’on se voit faire du mal à son bébé. Explications.
Quand tu détectes une situation dangereuse, il peut t’arriver de « voir » ce qui peu se passer de grave. Je mets des guillemets parce que tu ne la vois pas vraiment cette situation, tu l’imagines. Dans le cas présent, ce que l’on voit ce n’est pas seulement une situation dangereuse accidentelle, mais une situation où l’on provoque soi-même le danger.
Dans la vidéo je prends l’exemple de la manipulation d’un grand couteau. Mon cerveau détecte un danger car il sait que l’on peut se blesser avec cet objet, mais au lieu de voir un accident, je me vois moi, en train de provoquer le danger.
Ce mécanisme est (en partie) celui de la phobie d’impulsion.
La phobie d’impulsion
La phobie d’impulsion, contrairement à ce que son nom indique n’est pas une phobie, c’est un Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC). Un TOC comporte une obsession et un compulsion. Ici l’obsession c’est la peur de perdre le contrôle et faire du mal à un être vulnérable (bébé) et la compulsion c’est d’essayer de comprendre pourquoi, de donner du sens aux « visions ». Voilà comment ça marche :
La phobie d’impulsion prend sa source dans notre anxiété, nos angoisses profondes, et même selon certains chercheurs, de notre style d’attachement. Pour mieux comprendre ce mécanisme voilà quelques exemples :
- Situation dangereuse : Je tiens un couteau aiguisé
- Peur : Peur de perdre le contrôle et blesser mon bébé
- Pensée : Il est probable que je le fasse
- Évitement : Je n’utilise plus de gros couteaux / je me tiens loin de mon enfant
- Angoisse profonde : anxiété / peur de perdre son enfant
- Situation dangereuse : Je suis au bord d’une falaise avec des amis
- Peur : Peur de perdre le contrôle et les pousser dans le vide
- Pensée : Il est probable que je le fasse
- Évitement : Je me tiens très loin de la falaise et de mes amis
- Angoisse profonde : vertige / peur du vide
Le bouton rouge
Tu le vois bien dans les exemples précédents, le problème c’est la pensée. Car non, ce n’est pas probable que tu passes à l’acte. Ce genre de pensée ça me rappelle cette scène récurrente des films d’action où un personnage dit « n’appui surtout pas sur le bouton rouge », et irrémédiablement on sait que l’on connaitra l’effet de ce bouton avant la fin du film.
En réalité ça ne se passe pas comme ça. On n’appuie pas sur le bouton rouge ! Même si ce genre de pensées peut faire peur, elle ne comportent pas de risque réel, si ce n’est pour la personne qui a ces pensées.
Un symptôme
Quand tu as ce genre de visions, cela signifie surtout qu’au fond de toi tu es angoissé(e) et que tu te diriges peut être sur le chemin de la déprime. Ces visions doivent donc t’alerter sur ça, et non pas sur tes capacités à assurer la sécurité de ton enfant.
Qu’est-ce qu’on fait ?
Pour faire face aux visions, je te propose un exercice directement issu des TCC (Thérapies Cognitives-Comportementales).
Réponds à ces 3 questions :
- Est-ce c’est vraiment ce que je veux, faire du mal à mon bébé ?
- Quelles sont les probabilités que cela arrive ?
- Qu’est-ce que je peux faire ? Sur quoi ai-je le contrôle
Cela peut suffire si les visions sont légères, mais si elles persistent, un travail plus important est nécessaire.
Le travail thérapeutique
N’attends pas que cela devienne grave pour agir. N’oublie pas que cette situation est une alerte pour te dire : « Hé ho, il y a quelques petites blessures par ici qui nécessitent que tu y prêtes attention ». Donc n’hésite pas à consulter un professionnel et à prendre soin de toi !
Références
Article connexe : https://www.minimi.be/fr/la-peur-de-faire-du-mal-a-son-bebe-ou-la-phobie-dimpulsion/
La Phobie d’Impulsion par Nathalie Koszegi (16e Colloque annuel en prévention du suicide: Quand l’anxiété devient un obstacle 24 octobre 2018) : https://cps-lanaudiere.org/wp-content/uploads/2018/10/La-phobie-d’impulsion-Natalia-Koszegi.pdf
Booth, B. D., Friedman, S. H., Curry, S., Ward, H., & Stewart, S. E. (2014). Obsessions of child murder: underrecognized manifestations of obsessive-compulsive disorder. Journal of the American Academy of Psychiatry and the Law Online, 42(1), 66-74.