Une rude année scolaire se termine. Dans la grande majorité des 34 crèches dans lesquelles j’interviens, l’année 2022-2023 fut la pire que les professionnelles aient vécue (il y en a quand même quelques unes qui sont épargnées).
Au printemps 2023, le rapport de l’IGAS suivi par un reportage sur les crèches de BFM ont mis en évidence les dérives qui sévissaient dans ces structures avec des répercussions terribles sur les enfants. Au même moment, les manifestations contre la réforme des retraites faisaient grand bruit.
L’information a donc été peu traitée, et si elle l’a été, ce fut pour accabler les professionnelles de la petite enfance et non pour comprendre les mécanismes qui ont mené aux constats actuels.
Au quotidien, je vois des personnes de bonne volonté, qui font du mieux qu’elles peuvent et surtout qui sont dans l’échec permanent. L’échec de pouvoir offrir un accueil digne de ce nom, j’entends souvent « Damien, on fait de la garderie… ». Or la garderie c’est à peine la base, c’est un terme que l’on utilise dans le milieu pour dire que l’on ne fait pas d’activités, que l’on ne parvient pas à prendre le temps d’être vraiment avec les enfants, que l’on est sans cesse dans le mouvement et l’action.
Au quotidien, je vois cette maltraitance institutionnelle, qui sévit même quand toutes les lois sont respectées.
Des comités de réflexions ont été lancés suite au rapport de l’IGAS. Je trouve que ça fait beaucoup de gens payés à réfléchir, quand il y a 3 ans les rapport des 1000 jours formulait déjà des recommandations pour les pros de la petite enfance… .
Alors, nous verrons bien ! Mais en attendant, je tiens à remercier toutes ces personnes qui se donnent à 200%, toutes ces personnes qui trouvent toujours des solutions, toutes ces personnes qui nous étonnent par leur inventivité, leur débrouillardise, leur combativité, toutes ces personnes qui continuent à sourire quand à l’intérieur tout est obscur, toutes ces personnes qui ne se sont plus écoutées quitte à en perdre leur santé physique, quitte à mettre en péril leur santé mentale. Merci. Un jour peut-être, on reconnaîtra la valeur de votre travail, on reconnaîtra la valeur de l’humain que vous êtes.