fbpx

Les mots commencent par désigner et finissent par définir

par Damien

C’est dans son livre, Taqawan, qu’Éric Plamondon a écrit cette phrase forte de sens et de vérité. Il parle alors du terme « sauvage », alors utilisé pour désigner les premières nations du Canada.

À partir des mots se forme une croyance, à partir de la croyance se forme le comportement. Ainsi, Rosenthal et Jacobson en 1968 découvraient le pouvoir que l’étiquette « bon élève » pouvait avoir sur la trajectoire scolaire d’un enfant. 

La théorie de l’étiquetage social, c’est ce phénomène par lequel une ou plusieurs personnes autour de nous, avec un statut plus ou moins important, vont nous poser une étiquette sur le front. « Méchant.e » / « Maladroit.e » / « Bête » / « Intello » / Etc.

Cette étiquette, qui échappe à notre contrôle, va progressivement se graver en nous et notre entourage, changeant ainsi le comportement de chacun jusque’à ce que l’étiquette devienne une partie de notre identité. « Je suis maladroit.e ». Et c’est destructeur, surtout quand l’étiquette est négative.

Des étiquettes, il y en a plein dans nos paroles, dans les choses que l’on dit manière automatique : 

  • Mais t’es bête ou quoi ?
  • Il est vraiment chiant.
  • Elle n’est pas dégourdie.
  • Arrête-ça t’est méchant.

Qui veut devenir le bête, la chiante, le pas dégourdi, la méchante ? Personne. Pourtant ces mots-là et bien d’autres résonnent dans les oreilles de nos enfants. Peut-être ont-ils résonné dans les tiennes ? 

Ce n’est peut-être pas aussi visible qu’une claque, mais certains mots peuvent blesser davantage. Alors que faire ?

Et si au lieu de parler de la personne, on parlait de son comportement. On ne parle pas de qui je suis, mais de ce que j’ai fait. C’est difficile de changer qui je suis, c’est plus simple d’adapter ce que je fais. « Ce que tu as fait n’est pas acceptable, taper n’est pas acceptable ».

Et si on ne sautait pas sur la première occasion pour mettre une personne dans une case ? Et si on lui laissait la possibilité de nous montrer plusieurs facettes de ce qu’elle est ? Ça demande un effort particulier pour sortir des automatismes que sont la classification et la détection d’éléments négatifs. Mais ça en vaut la peine, pour que l’enfant puisse se définir via ce qu’il est et non via comment on le désigne.

Références :

  • Eric Plamondon « Taqawan » Quidam Éditeur 
  • Rosenthal R., Jacobson L. (1968). Pygmalion in the classroom : Teacher expectation and student intellectual development. New York : Holt, Rinehart et Winston.
  • Trouilloud, D., & Sarrazin, P. (2003). Les connaissances actuelles sur l’effet Pygmalion: Processus, poids et modulateurs. Revue française de pédagogie, (145), 89-119.